– La maltraitance animale –

– La maltraitance animale –

Les scandales de maltraitance animale se multiplient, portés par les actions de L214 ou par diverses vidéos relayées sur les réseaux sociaux. Un sondage de la Fondation Brigitte Bardot, publié par Le Monde mercredi 19 août 2020 (*), plus des deux tiers des personnes interrogées souhaitent une meilleure prise en compte du bien-être animal.

Une écrasante majorité se prononce pour :

  • un accès extérieur obligatoire pour tous les animaux d’élevage d’ici à dix ans
  • l’étourdissement des bêtes destinées à l’abattage
  • l’organisation d’une transition vers des cirques sans animaux sauvages
  • l’interdiction
    • de la chasse à courre (même si le taux de personnes favorables, autour de 20%, reste stable depuis 15 ans)
    • de la vente des animaux de compagnie
    • de l’élevage des animaux pour leur fourrure
    • de l’expérimentation animale dans un délai de dix ans.

(*) sondage IFOP réalisé entre le 7 et le 9 août sur un échantillon de 1009 personnes représentatif de la population française).

La cruauté envers les animaux en 4 chiffres (SPA)

9500 actes de cruauté (*)

9504, pour être précis. Il s’agit d’un chiffre fourni par la Gendarmerie Nationale et correspond au nombre d’infractions liées à des actes de cruauté et des mauvais traitements envers les animaux enregistrés en 2018. Ce sont principalement des atteintes infligées à des animaux domestiques. Cela dit, tout laisse à penser qu’il ne s’agit que d’une petite proportion des actes qui ont réellement lieu sur les animaux domestiques et une infime proportion de ceux dont sont victimes les animaux d’élevage, sauvages etc.

(*) les actes de cruauté peuvent être des sévices graves, des privations de nourriture, d’abreuvement ou de soins, le maintien dans un habitat ou un environnement pouvant être cause de souffrance etc.

À elle seule, la Société protectrice des animaux (SPA) a mené plus de 14 500 enquêtes en 2019, 30% de plus qu’en 2018. A nouveau, ce chiffre ne correspond qu’à la partie émergée de l’iceberg, la majorité des cas de maltraitance (chien battu, chats noyés etc.) n’étant pas signalés à la SPA.

Lorsque la SPA est alertée par téléphone, par mail ou par courrier de sévices perpétrés sur un animal, c’est l’un des 700 délégués enquêteurs bénévoles de la société qui intervient pour tenter d’entrer en contact avec le propriétaire. L’association se porte partie civile quand les affaires arrivent devant les tribunaux.

 Un quart des animaux abandonnés pendant l’été

En 2019, sur les 46 000 animaux qui ont été abandonnés en 2019, 25% l’ont été au cours des grandes vacances.

Deux ans de prison et 30 000 euros d’amende

Une personne coupable de sévices graves et actes de cruauté envers des animaux est passible de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. En cas d’abandon, la personne coupable peut elle aussi être condamnée à une peine allant jusqu’à deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende. En cas de mauvais traitements, la sanction encourue est de 750 euros d’amende. Enfin, en cas d’atteinte involontaire à l’intégralité ou à la vie d’un animal, la personne reconnue coupable risque 450 euros d’amende, 1500 euros en cas d’atteinte volontaire et 3000 euros en cas de récidive.

Exemples de pratiques cruelles « admises »

La chasse à courre

La vénerie, plus communément appelée «chasse à courre»  est un mode de chasse qui consiste à poursuivre un animal sauvage (traditionnellement le cerf, le sanglier, le chevreuil, le renard, le lièvre ou le lapin) avec une meute de chiens courants. L’animal, harcelé et mordu par les chiens et épuisé, est ensuite abattu traditionnellement à la dague ou à l’épieu, mais de plus en plus couramment au fusil.

Les animaux chassés souffrent pendant toute la durée de la chasse à courre : outre la grave souffrance physique, l’état de fatigue absolue et douloureuse (quasi paralysie lactique), ils endurent également un stress physiologique et psychologique, l’animal comprenant le sort qui lui est réservé et sentant qu’il n’a pas les moyens d’y échapper, son corps n’en pouvant plus.

Parmi les «rites» de la chasse à courre, l’hallali (lorsque la meute rattrape l’animal chassé) ou la curée (où l’on joue avec la peau de l’animal recouvrant les viscères pour dominer la meute des chiens) sont des scènes particulièrement violentes.

Les animaux «partenaires» des chasseurs vivent aussi dans des conditions qui peuvent porter atteinte à leur bien-être. Les chiens de chasse à courre sont enfermés dans des chenils parfois exigus et forcés à une grande promiscuité. Il arrive également que des chiens se perdent ou meurent durant la chasse. Les chevaux peuvent avoir à galoper sur de longues distances et à être anormalement épuisés.

Suite à une commission d’enquête, le Royaume-Uni a aboli la chasse à courre en 2004.

La chasse à  la glu

Pratiquée dans cinq départements du sud-est de la France (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Vaucluse et Var), cette méthode de chasse consiste à attraper des grives et des merles en les piégeant sur des gluaux, tiges enduites de colle. Les oiseaux ainsi capturés sont mis en cage et permettent ensuite aux chasseurs d’attirer d’autres oiseaux par leur chant.

Oiseau piégé sur un gluau

Mais cette méthode cause souvent un dommage irréparable aux oiseaux, les gluaux étant par nature susceptibles d’endommager leur plumage. Les oiseaux se débattent, et plus ils se débattent plus ils s’encollent le plumage. En outre, d’autres espèces que celles visées sont capturés, y compris des espèces protégées.
Saisi à de nombreuses reprises pour faire annuler les décrets gouvernementaux accordant des dérogations permettant cette chasse au motif de la tradition, le Conseil d’Etat avait fini par se tourner vers la Cour de justice de l’Union européenne, pour savoir si elle était conforme à la directive « oiseaux » de l’UE.  La CJUE a rendu son verdict en mars 2021 : en dépit d’un nettoyage, les oiseaux capturés subissent un dommage irrémédiable, la réglementation dérogatoire française a donc due être annulée.

La capture à la tenderie (étranglement) des vanneaux ou des grives dans les Ardennes, d’alouettes des champs avec des pantes (filets horizontaux qui se referment sur l’animal) ou d’alouettes des champs à la matole (petite cage de fer tombante) dans le sud-ouest ou la tendelle qui consiste à écraser les oiseaux avec des pierres plates dans le Quercy sont autant de pratiques cruelles, non sélectives et encore autorisées aujourd’hui.

Tendelle

Matole

Car, deux mois après la décision du conseil d’état, d’autres méthodes de chasse «traditionnelles» ont de nouveau été autorisées en France. À ce jour, les textes revus préconiseraient ces «chasses traditionnelles» en «l’absence de solution alternative» et demandant «la quantité et la sélectivité» des captures de ces animaux, et que des «contrôles» soient effectués.

L’abattage rituel

SI la liberté d’exercer son culte et de procéder à un abattage rituel (sans étourdissement) est bien inscrite dans un règlement européen de 2009, cette pratique est néanmoins incompatible avec les exigences de bien-être animal. En Europe, l’abattage rituel est aujourd’hui interdit en Autriche, en Suisse, en Norvège, en Slovénie, en Islande, au Danemark et en Belgique. Mais pas en France. 
Dans la loi alimentation de 2018, la question de l’abattage rituel n’a d’ailleurs même pas été évoquée.

Très vite, en effet, le procès en stigmatisation l’emporte. Les adeptes de ces pratiques craignent de «passer pour des sauvages d’un autre temps» comme le déplore Kamel Kabtane, le recteur de la grande mosquée de Lyon, et l’extrême-droite reprend le débat afin d’alimenter la culture anti-islam.

Pour ne pas se laisser entraîner dans des polémiques, la plupart des responsables politiques – et notamment au ministère de l’Agriculture – optent pour un silence prudent, l’ordre des vétérinaires fait de même.

Les alternatives existent et vont de l’interdiction pure et simple à l’étourdissement après la saignée, solution acceptée par une partie des musulmans et quelques représentants de la communauté juive. Une minorité, malheureusement. Les craintes économiques s’additionnent aux refus religieux, les marchés d’export préférant, selon les industriels, un abattage rituel traditionnel.

Enfin, certains prônent d’au moins mentionner sur le produit final la manière dont l’animal a été tué. Cet étiquetage a trois avantages :

  • faire la transparence sur les produits issus de l’abattage rituel reversés dans le circuit traditionnel de distribution
  • informer le consommateur sensible à la cause animale du mode de mise à mort utilisé et, par ricochet,
  • réduire le nombre de bêtes tuées rituellement.

Mais cette option suscite des réticences, les producteurs craignant de ne plus pouvoir commercialiser dans le circuit traditionnel une partie des carcasses abattues rituellement. La crainte de la perte économique ne l’emporte-t-elle pas sur celle de la stigmatisation ?

Sous la pression de l’opinion publique, des associations animalistes, et de la volonté de dialogue  de certains religieux juifs et musulmans, on peut espérer néanmoins que le statu quo cesse.

Les delphinariums

Un delphinarium n’est rien d’autre qu’un grand aquarium où s’ébattent orques et dauphins, parfois bélugas, pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Or, ces cétacés sont des animaux sauvages, habitués aux grands espaces maritimes. Il faut savoir que les dauphins en liberté parcourent 150 kilomètres par jour et plongent au fond de l’océan, où ils s’accouplent et sondent les sables à l’aide de leur sonar à la recherche de petites proies.

En captivité, ils sont condamnés à tourner en rond dans un espace bien ridicule par rapport au grand bleu et dans lequel ils ne peuvent pas se reproduire. Ils sont en outre affamés voire frappés, souvent seules façons de leur faire  réussir leur «numéro».

Les spectateurs s’imaginent, et on leur laisse croire, que les dauphins sont heureux, rieurs, et qu’un lien d’amitié, voire d’amour, les lie à leur dresseur. C’est toute l’hypocrisie de ce genre de spectacle, par rapport à la corrida, par exemple, où le spectateur sait que le taureau va être supplicié. Dans le cas des delphinariums, on fait croire à du bonheur alors qu’il n’y a que maltraitance.

 

Les cirques

Les animaux ne veulent pas sauter à travers des cercles de feu ni tenir en équilibre sur des ballons. Pour parvenir à cela, les dresseur ont souvent recours à des méthodes cruelles. Les éléphants reçoivent des coups de bâtons munis de crochets sur des endroits où leur chair est à vif, les félins sont frappés tout comme les ours, maîtrisés avec des colliers très serrés….
Et c’est la violence qui entraîne la soumission de l’animal.

Les animaux de cirques sont souvent capturés à l’état sauvage et condamnés à vivre dans des cages exiguës dont ils ne sortent que pour être «dressés», c’est-à-dire battus, cravachés, électrocutés.

L’éléphant est seul alors que dans la nature il entretient une vie sociale riche.
Les félins qui sillonnent de larges étendues à l’état sauvage adoptent des comportements psychotiques, consistant à arpenter l’espace qui leur est alloué de manière répétitive.

Plus d’une vingtaine de pays européens ont déjà limité ou interdit la présentation d’animaux.

La tauromachie

Cruauté pour certains, tradition pour d’autres, la tauromachie divise l’opinion. En France, comme en Espagne, cet «art ancestral» est tout autant contesté. Exception du code pénal condamnant la souffrance animale, nombreux sont ceux qui voudraient l’abolir.

Car le «spectacle» n’est autre qu’une suite de tortures suivie de la mise à mort du taureau.

Le torero lui enfonce d’abord des picadors, piques destinées à sectionner ou cisailler les muscles releveurs de la tête du taureau. Outre la souffrance endurée, celui-ci perd alors tous ses repères, ce qui le rend d’autant plus vulnérable.

Viennent ensuite les banderillos, des bâtons d’environ 80 cm de long, terminés par un harpon de 4 cm de long, plantées dans la masse musculaire proéminente située à la base du cou du taureau.
Ils déclenchent des hémorragies internes accrues par les déplacements brusques et saccadés du taureau, stimulé par le jeu de cape du torero. Les nerfs sont eux aussi atteints, portant la douleur à son paroxysme.

La mise à mort commence par l’estocade, où l’épée est plongée au niveau du sommet de l’omoplate droite pour atteindre la cage thoracique. Après l’estocade, le coup de grâce est donné par un poignard à lame courte et large, planté entre la base du crâne et le début de la colonne vertébrale pour détruire le cervelet et le début de la moelle épinière.

Le temps imparti au torero ou matador («tueur» en espagnol) pour tuer le taureau est d’un quart d’heure. Si il ne réussit pas à l’achever dans ce délai, l’animal est conduit au toril où il est abattu. En trophées, le torero recevra les oreilles coupées, voire la queue du taureau massacré. No comment.

Les animaux de laboratoire

Chaque minute, cinq animaux meurent dans les laboratoires français.
Dans le monde, ce sont vingt-cinq animaux qui meurent chaque seconde !

L’expérimentation animale consiste à utiliser des animaux comme substitut ou « modèle », pour mieux comprendre la physiologie d’un organisme et ses réponses à divers facteurs (alimentation, environnement, agents pathogènes) ou substances (pour en tester, vérifier ou évaluer l’efficacité, l’innocuité ou la toxicité), et tout particulièrement pour tenter de prévoir ce qui se passe chez l’Homme.

Presque tous les produits que nous utilisons ont été testés sur les animaux. Produits ménagers, cosmétiques, produits chimiques, pesticides, appareils médicaux…

Pour cela, des animaux sont emprisonnés pendant des années dans des cages de métal, contraints de supporter ingestions forcées, produits irritants sur la peau ou les yeux (test de Draize), mutilations, irradiations, contaminations…

Est-il besoin de rappeler quelques exemples de souffrances causées par des tests en laboratoire :

  • Pour tester l’efficacité d’une crème solaire, on rase la peau de l’animal et on le recouvre de crème, puis on le place ensuite sous une lampe solaire jusqu’à ce que sa peau brûle
  • Pour vérifier les dangers d’un émulsifiant pour la peau, une solution au compte-goutte est versée dans les yeux de lapins jusqu’à ce que des lésions soient observées
  • Afin de tester une dose mortelle d’ingestion d’un produit, les chercheurs vont en administrer de petites quantités à un groupe d’animaux jusqu’à ce que certains d’entre eux meurent pour ensuite en faire l’autopsie.

Le tristement célèbre test de Draize

Si les institutions scientifiques et autorités affirment la nécessité d’avoir recours à cette méthodologie pour garantir le progrès scientifique et médical, l’expérimentation animale est une pratique controversée, certaines personnes pensant qu’on fait ainsi souffrir des animaux, sans apporter aucun bénéfice pour les humains.

La fourrure

Ces dernières années, la fourrure a de moins en moins bonne presse. La voilà désormais exclue d’une des principales publications du secteur de la mode. Le magazine Elle a, depuis quelque temps, interdit la fourrure non seulement dans son contenu éditorial mais aussi dans ses espaces publicitaires, souhaitant désormais «promouvoir une industrie de la mode plus humaine».

Prise de conscience ou coup marketing ? «Nous sommes dans une nouvelle ère et la Gen Z, qui est la cible privilégiée de la mode et du luxe, a de très grandes attentes en termes de durabilité et d’éthique», avait précisé la rédaction du magazine. Quoiqu’il en soit, l’impact de cette décision n’est pas neutre : du Mexique à l’Australie, en passant par le Japon ou les Etats-Unis, les 45 éditions de cette publication, qui revendique 33 millions de lecteurs et cent millions de visiteurs par mois sur ses 55 plateformes numériques, se sont engagées à exclure la fourrure. Treize d’entre elles appliquent déjà cette mesure, 20 la mettront en place le 1er janvier et le reste début 2023.

On ne peut qu’espérer que cette annonce déclenche un changement positif dans l’ensemble de l’industrie de la mode et que peu à peu, une vie de souffrance et une mort cruelle soient épargnées à d’innombrables animaux.

Pour le moment, le monde de la mode reste partagé. Tandis que la fourrure est bannie des podiums de défilés à Amsterdam, Oslo, Melbourne ou Helsinki – qui a également exclu le cuir – les plus prestigieuses Fashion Weeks organisées à Paris, Milan et New York laissent encore le choix à chaque marque.

Les marques sont cependant de plus en plus nombreuses à y renoncer : parmi elles les Italiens Gucci, Versace et Prada, les Britanniques Burberry, Vivienne Westwood et Alexander McQueen, les Américains Donna Karan, DKNY et Michael Kors et les Français Jean Paul Gaultier et Balenciaga.

La confection d’un sac Hermès nécessite la peau de 3 crocodiles.

La ministre de la Transition Ecologique a annoncé «sous 5 ans» l’interdiction de l’élevage des visons

N’oublions pas dans ce débat, la souffrance des lapins angora ou des chèvres cachemire lorsqu’on leur arrache leur précieux pelage.

De son côté, l’industrie de la fourrure dénonce la substitution de ce produit naturel par des peaux synthétiques faites de matières plastiques nocives pour l’environnement. La Fourrure française avait écrit une lettre ouverte au magazine Vogue France jugeant «absurde» de «désigner des vêtements en matière plastique comme éco-friendly parce que réalisés à partir de matières soigneusement sélectionnées de fourrure acrylique et modacrylique». La filière française de la fourrure estime que les décisions des créateurs et des consommateurs sont dues à un «climat de terreur» provoqué par «la violence et le harcèlement» des militants défendant la cause animale.

Et l’élevage ?

Autrefois quasi-absente du débat politique, la question de la souffrance animale est devenue un sujet de société, comme en témoigne l’adoption récente par l’Assemblée nationale, avec des voix de tous bords, d’une loi contenant de nombreuses avancées pour la protection des animaux domestiques (cf. Le bien-être animal (1) : définition, historique et contexte).  Elle interroge notre modèle de société et la place prise par l’espèce humaine dans son environnement.

L’édifice construit sur la supériorité absolue de l’être humain est remis en cause, menant à des débats philosophiques loin d’être tranchés sur la nature des droits qu’il faudrait reconnaître aux animaux et l’étendue de ceux-ci. A minima, il nous est devenu éthiquement impossible de négliger la souffrance animale et de ne pas interroger les usages que nous faisons d’eux. La tâche est immense et ses conséquences potentiellement dramatiques, car les animaux sont partout. Nous dépendons d’eux pour notre alimentation, nos médicaments, notre habillement et nos cosmétiques. Ils sont présents dans nos propres foyers et nous les croisons plus ou moins fréquemment, selon leur degré d’appartenance à la vie sauvage.

Un sujet parmi ceux-ci domine tous les autres, celui de l’élevage, tant par la place qu’occupent les produits d’origine animale dans nos vies que par le nombre sidérant d’animaux qu’il concerne à travers le monde, des dizaines de milliards.

Il est malheureusement le lieu où prospèrent les pratiques les plus cruelles, non pas tant du fait des éleveurs dont la majorité se préoccupe du bien-être de ses bêtes, mais d’une course effrénée à la consommation de viande qui n’est pas compatible avec la réalité des terres disponibles.

L’Union européenne s’est dotée depuis de nombreuses années déjà d’un cadre juridique relativement protecteur, bien qu’insuffisant, mais qui souffre d’une mise en œuvre parcellaire de la part de ses Etats membres et d’un manque de contrôle. La France se retrouve régulièrement condamnée à ce sujet.

Ce manque d’ambition est d’autant plus regrettable que les intérêts humains et ceux des animaux sont loin d’être complètement divergents sur la question. On sait désormais parfaitement que l’agriculture est fortement émettrice des gaz à effet de serres, que l’élevage consomme trop de terres arables et que la consommation de produits animaux dans les pays industrialisés a atteint des niveaux problématiques pour notre équilibre alimentaire et notre santé. Mettre fin à l’élevage industriel, octroyer aux animaux que nous consommons une vie meilleure ne signifie pas forcément porter atteinte à nos modes de vies, mais, d’une certaine façon, peut conduire à les préserver, voire à leur redonner du sens

Cela pose évidemment la question du rythme auquel ces changements doivent intervenir et de la manière dont les personnes qui en subiront les conséquences seront accompagnées. L’agriculture et la pêche font vivre des individus et des communautés pour lesquels une protection accrue des animaux remettra parfois la survie économique en cause, inutile de le nier. Plus largement, certaines pratiques considérées comme cruelles font partis d’un corpus culturel auquel certaines populations sont très attachées, que l’on pense à la corrida, au cirque ou à la chasse. Cela ne constitue en rien une excuse mais invite à la tempérance et au dialogue. Il faut à tout prix que la question animale ne mène pas à une aggravation des fractures déjà présentes dans notre société mais soit au contraire l’occasion de progresser ensemble sur un sujet vital.

Article écrit à partir d’informations ou d’extraits des sites : Wikipedia.org – L214.com – leMonde.fr – la-spa.fr –  fondationbrigittebardot.fr – labecededaire.fr

– Le bien-être animal (1) : définition, historique et contexte –

– Le bien-être animal (1) : définition, historique et contexte –

À travers le temps, la réglementation a profondément évolué avec la prise de conscience croissante de l’Homme de devoir éviter toute souffrance « inutile » et de rechercher des conditions de vie optimale pour les animaux.

Il reste encore un long chemin à parcourir mais la pression exercée par la société pousse progressivement le législateur à agir (cf. article le bien-être animal (2) : une attente sociétale forte)

Les animaux sont des êtres sensibles

On a longtemps cru que les animaux étaient insensibles et ils étaient littéralement considérés comme des objets.

Pourtant, les animaux sont intelligents et capables de ressentir des émotions telles que la peur et le bonheur et, évidemment la douleur.

Ainsi, les porcs sont capables :

  • de ruser et de comprendre les connaissances détenues par d’autres lors de la recherche de nourriture,
  • d’identifier leur propre environnement à un jour d’âge; ils jouent, explorent et acquièrent une attitude plus optimiste en présence de défis environnementaux,
  • de distinguer des personnes portant les mêmes vêtements,
  • de comprendre et d’utiliser des miroirs pour trouver de la nourriture.

Les bovins, quant à eux, ont des compagnons préférés et sont capables de se rappeler jusque 50 à 70 individus.

Quand ils sont encore veaux,

  • ils reconnaissent à leur visage les personnes qui s’occupent d’eux,
  • ils manifestent de l’excitation lorsqu’ils résolvent un problème,
  • ils semblent conscients des émotions des autres, par exemple en mangeant moins si leur compagnon est stressé,
  • ils jouent avec leur mère dès l’âge de quelques jours seulement.

Les poules, qui sont souvent encore moins bien considérées, peuvent pourtant contrôler leurs émotions et sont capables de manifester une frustration émotionnelle.

Lorsqu’elles souffrent, elles choisissent de consommer une nourriture moins attrayante contenant des analgésiques.

En outre,

  • elles utilisent le soleil pour se repérer dans des environnements complexes,
  • elles parviennent à négocier des labyrinthes pour obtenir l’accès à des bains de poussière ou à un nid,
  • elles se servent de leur mémoire pour trouver de la nourriture à l’âge de deux semaines,
  • elles parviennent à communiquer au moyen de signaux sonores représentatifs évoquant un « langage ».

La reconnaissance de leur sensibilité et de leur intelligence a donc logiquement été la première étape vers la mise en place d’une règlementation leur garantissant le bien-être auquel ils ont droit.

Comment définir le bien-être des animaux ?

Historiquement, la réflexion autour de la thématique du bien-être animal a été à la croisée de nombreuses influences philosophiques et théologiques, morales et économiques, scientifiques et technologiques, réglementaires et sociétales.

Ces multiples approches influent sur les représentations de chacun et conduisent à des définitions parfois différentes du bien-être animal.

Il était donc nécessaire d’établir une méthode d’évaluation et d’amélioration du bien-être animal objective, pragmatique et basée sur des travaux scientifiques.

Et c’est le principe fondamental des 5 libertés individuelles qui a été adopté afin de traduire le bien-être animal

Publiées pour la première fois en 1979 par le conseil britannique sur le bien-être des animaux d’élevage, ces 5 libertés sont depuis reconnues de façon mondiale car elles ont été reprises dans les codes de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE)

Les 5 libertés individuelles

Les 5 libertés individuelles d’un animal sont :

1. absence de faim, de soif et de malnutrition : il doit avoir accès à l’eau et à une nourriture en quantité appropriée et correspondant aux besoins de son espèce

2. absence de peur et de détresse : les conditions d’élevage ne doivent pas lui induire de souffrances psychiques

3. absence de stress physique et/ou thermique : l’animal doit disposer d’un certain confort physique

4. absence de douleur, de lésions et de maladie : l’animal ne doit pas subir de mauvais traitements pouvant lui faire mal ou le blesser et il doit être soigné en cas de maladie

5. liberté d’expression d’un comportement normal de son espèce : son environnement doit être adapté à son espèce (il doit être en groupe si c’est une espèce sociale par exemple).

Le bien-être

Aux termes du Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’OIE, le bien-être animal désigne « l’état physique et mental d’un animal en relation avec les conditions dans lesquelles il vit et meurt ».

La notion de bien-être comprend donc l’état physique, mais également l’état mental positif de l’animal, les deux états étant interdépendants l’un de l’autre : un animal en situation de bien-être, c’est un animal qui se porte bien physiquement et mentalement.

NB : le bien-être animal est une démarche animal-centrée, contrairement à la bientraitance.

La bientraitance correspond aux actions que l’humain engage ou réalise dans l’intention de répondre aux besoins des animaux tels qu’il les interprète, comme bien nourrir, bien loger, soigner. Il s’agit d’une démarche anthropocentrée qui ne tient pas compte du ressenti de l’animal ou des émotions positives.

Historique de la mise en place du dispositif juridique

Le débat sur les droits des animaux remonte à l’Antiquité.

Si Aristote, au IVème siècle avant JC, pensait que les animaux nous étaient inférieurs, Théophraste, son élève, estimait les animaux capables de raisonner, sentir, et ressentir de la même manière que les êtres humains. Pour lui, il ne fallait pas manger de la viande car cela privait les animaux de leur vie et était donc criminel.

Pythagore, au VIème siècle avant notre ère, voulait que les animaux soient respectés, en vertu de sa croyance en la transmigration des âmes entre humains et animaux.

Pythagore, précurseur du végétarisme

Le débat se poursuit au siècle des lumières et oppose alors Descartes à Rousseau. 

Descartes

Descartes

Descartes soutient que les animaux n’ont ni âme ni esprit, ne peuvent ni penser, ni souffrir n’ayant pas la conscience de cela.

Rousseau

Rousseau

Rousseau, en revanche, rappelle, dans la préface de son Discours sur l’inégalité (1754), que l’homme a commencé comme un animal. Les animaux étant des êtres doués de sensibilité, «ils devraient participer au droit naturel, et … l’homme est sujet à de certains devoirs envers eux».

Enfin, au XIXème siècle, ce sont nos amis d’outre-manche qui ouvrent la voie. La première loi de protection animale au monde, la loi  Martin’s Act, est adoptée en 1822 par le Parlement du Royaume Uni. Elle interdit dès lors les actes de cruauté à l’encontre du bétail (chevaux, vaches, moutons…).

La première association de protection animale ou de bien-être animal, la «Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals», est fondée en Grande-Bretagne en 1824. Il faut attendre 21 ans avant qu’en France, la  «Société protectrice des animaux» (SPA) ne voit le jour, avec pour objet d’améliorer «le sort des animaux, dans une pensée de justice, de morale, (…) et d’hygiène publique».

Car le débat sur le bien-être animal est également bien présent dans notre pays, porté par des groupes tels que la «Ligue antivivisectionniste française» dont le très grand Victor Hugo fut président.

Celui-ci est d’ailleurs un des principaux promoteurs de la première loi de protection des animaux domestiques prévoyant des sanctions pénales (loi Grammont de 1850) :
«Seront punis d’une amende de 5 à 15 F et pourront l’être d’un à cinq jours de prison ceux qui auront exercé publiquement et abusivement de mauvais traitements envers les animaux domestiques.»

Mais il faut attendre 1976 pour qu’apparaisse en France la loi qui a véritablement édifié la politique de protection animale, en énonçant trois principes fondamentaux :

  •  l’animal est un être sensible, qui doit être placé dans des conditions compatibles avec ses impératifs biologiques,
  •  il est interdit d’exercer des mauvais traitements envers les animaux,
  •  il est interdit d’utiliser des animaux de façon abusive.

Puis, en 1999, grâce à une nouvelle loi de protection animale, le code civil français est modifié, afin que les animaux, tout en demeurant des biens, ne soient plus assimilés à des choses.

Le 16 février 2015, la loi modifie de nouveau le code civil en qualifiant les animaux comme des êtres doués de sensibilité : « Art. 515-14. – Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens.». Ils demeurent donc des biens mais ne sont plus des choses, c’est une avancée. Question : les animaux sauvages ne sont donc pas concernés et peuvent donc être maltraités sans vergogne ?

Enfin, la loi visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes est promulguée le 30 novembre 2021 :

    • nouveau certificat pour l’acquisition d’un animal de compagnie,
    • sanctions renforcées en cas de sévices et de zoophilie,
    • fin des delphinariums en 2026 et des animaux sauvages dans les cirques itinérants en 2028,

    sont quelques unes des mesures de la loi visant à lutter contre la maltraitance animale.

Comment améliorer le bien-être animal ?

Mais de gros progrès restent encore à faire notamment en ce qui concerne les conditions d’élevage des animaux. Les avancées réglementaires sur ce sujet sont avant tout le fait de l’Union européenne, les pays transposant ou appliquant directement cette réglementation dans le droit national. Ainsi, il existe un règlement des animaux pendant le transport, un règlement sur l’abattage des animaux, des directives sur les conditions d’élevage des poules pondeuses, des cochons, des veaux etc.

Ces textes ne sont toutefois que des bases, sur lesquelles il faut continuer d’avancer. En effet, pour l’élevage en cage, la surface minimale par poule est de 750 cm3, soit la surface d’une feuille A4 et d’une carte postale, ce qui reste objectivement incompatible avec la notion de bien-être.

Informer le consommateur 

Il est rare que le public connaisse l’élevage d’où proviennent les produits d’origine animale qu’il consomme. Les seules informations dont il dispose se trouvent alors sur l’étiquette ou sur les écriteaux d’affichage en cas de produits non préemballés.

Or, il n’existe pas à l’heure actuelle d’étiquetage spécifique au bien-être animal. A peine, quelques signes plus ou moins officiels de l’origine ou de la qualité de la viande peuvent renseigner le consommateur. Parfois, elles sont notées distinctement, comme pour les « œufs de poules élevées en plein air », mais souvent, ces signes présents sur les emballages ne sont pas parlants.

Dans la feuille de route 2018-2022 issue des États généraux de l’alimentation, le Conseil national de l’alimentation a été chargé de mener une réflexion sur l’expérimentation de l’étiquetage des modes d’élevage des animaux. Cela se traduirait par un étiquetage similaire à ce qui existe déjà pour les œufs, mais pour les autres filières de production animale. Cette expérimentation permettra notamment de définir les conditions de mise en œuvre d’une telle indication pour une meilleure information du consommateur sur les conditions d’élevage des animaux.

Au vu de la prise de conscience actuelle, on ne peut que penser que cet étiquetage permettra de guider le consommateur vers une viande issue d’un animal qui aura été bien traité, et forcer ainsi les acteurs de la filière à améliorer plus rapidement cet état de fait.

Sensibiliser l’éleveur

Dans le monde de l’élevage, les éleveurs sont les premières personnes au contact des animaux. Ils sont également les premiers acteurs de leur bien-être.

S’il est indéniable que beaucoup d’entre eux sont attachés à leurs animaux, d’autres en revanche les considèrent uniquement comme des moyens de production. C’est donc sur cet aspect des choses que l’accent doit être mis par les structures péri-agricoles.

source : terrena.fr

Evaluer le bien-être…à partir de critères objectifs

Chaque espèce exprime ses comportements propres et seule une connaissance approfondie de ces comportements permet d’émettre un jugement objectif.

Des chercheurs se sont mobilisés au sein de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et de l’école vétérinaire de Lyon, VetAgroSup, pour élaborer des critères d’évaluation fiables sans tomber dans l’anthropomorphisme.

L’éthologie est la science qui analyse, interprète et répertorie les comportements des animaux dans leur milieu naturel et permet ensuite une meilleure compréhension des comportements, notamment dans le milieu de l’élevage où la mise en pratique d’une évaluation objective du bien-être animal est complexe.

Pour estimer le bien-être animal, on utilise des indicateurs scientifiquement validés. Il en existe 2 types :

  • Indicateurs sur l’environnement : ils permettent de s’assurer que l’animal est dans un environnement conforme à ses besoins :
      • qualité du couchage, litière
      • disposition, ergonomie des logettes….
  • Indicateurs sur les animaux : ils sont indispensables pour évaluer la façon dont l’animal perçoit les conditions qui lui sont fournies et donc pour mesurer son bien-être :
      • comportement des animaux
      • état sanitaire
      • données de production (p. ex : nombre de litres de lait produits pour une vache)

Se faire aider par la technologie et le digital

Certains éleveurs la coopérative Terrena (marques Fermier d’Ancenis, Père dodu, Val nantais…) s’équipent désormais d’outils numériques pour observer et améliorer les conditions de vie des cheptels, espérant aussi rassurer le consommateur.

Ils sont en cela aidés par des techniciens agricoles. Sur un élevage de poulets de chair modèle, par exemple, éleveur et technicien se positionnent chaque mois au milieu du poulailler, prêtant toute leur attention aux oiseaux, observant les toilettages, s’ils picorent, s’étirent, battent des ailes. Ensemble, ils renseignent une grille de cinquante indicateurs sur le bien-être des volatiles.

Agressivité, stress, toux, boiteries…, tout est enregistré sur une application mobile Tibena, élaborée par la coopérative et l’association de défense des animaux CIWF (Compassion in World Farming). Tout autour des volailles, des capteurs indiquent également la température du bâtiment, l’hydrométrie, le taux de CO2, la luminosité… Autant de données moulinées par l’ordinateur de bord pour le pilotage de cette basse-cour 3.0.

Et, chose nouvelle, la technologie n’est désormais plus seulement mise au service de la seule productivité. Capteurs, GPS et caméras saisissent, enfin, le comportement, les réactions et les émotions des animaux pour adapter les pratiques et rassurer un grand public de plus en plus sensible à la cause animale.

La nouvelle génération d’outils numériques atteste un réel changement des mentalités dans le monde agricole. Ainsi, des portiques inspirés de ceux des aéroports captent les passages des bovins de l’étable vers les pâtures, chaque animal étant détecté par son collier. Il est alors facile d’évaluer le temps passé à brouter dans la prairie. Dans l’idéal, le contrôle ne s’arrête pas à la barrière du pré. Préoccupée par la souffrance dans les abattoirs, la start-up Well to Be commercialise un système de contrôle de «l’étourdissement», étape cruciale avant la saignée, pour éviter que l’animal ne souffre inutilement. Un jet d’air s’active ainsi sur l’œil du bovin ou du porc assommés lorsqu’il passe devant une caméra. Si la paupière cligne, une alarme prévient l’opérateur. Il a fallu quatre ans de recherche pour développer le logiciel.

Corriger

A partir de toutes ces données , une aide à l’évaluation, appelée le Welfare Quality permet d’évaluer le bien-être physique et mental de l’animal sur le terrain.

Fondé sur le respect des 5 libertés de l’animal, cette méthode s’appuie sur toutes ces mesures effectuées sur les animaux. A partir des résultats obtenus, elle permet de proposer à l’éleveur des solutions adaptées, par exemple à sa méthode de travail.

Les solutions ne permettent donc pas d’emblée d’arriver à un niveau de bien-être optimal mais, étant basées sur le principe de l’amélioration continue, elles peuvent assurer, par des changements parfois faibles mais réguliers une amélioration significative de la situation.

Bémol : élevage et bien-être animal sont-ils compatibles ?

Aujourd’hui, la réglementation définit la norme minimale en matière de protection animale.
Les conditions d’élevage incluent les paramètres qui peuvent être favorables au bien-être mais d’autres facteurs de risques doivent également être pris en compte et ils varient en fonction des cas. Par exemple, le plein air peut  entraîner des risques d’exposition à des maladies : les canards du Sud-Ouest, élevés principalement en plein air ont été exposés à l’influenza aviaire via les oiseaux sauvages qui entrent en contact avec eux.  De même, les porcs en plein air sont soumis à un risque non négligeable de brucellose voire même de peste porcine africaine s’ils entrent en contact avec les sangliers. A contrario, un élevage confiné sera protégé de ce type de maladies mais offre indubitablement à l’animal un cadre de vie moins propice à son bien-être.

En outre, les éleveurs sont-ils prêts à payer le prix induit par l’utilisation des outils technologiques et digitaux ?
Pas toujours facile de convaincre des éleveurs qui peinent souvent à gagner leur vie. «Certaines entreprises de robotique ont pris le virage du bien-être animal, alors même que le retour sur investissement est incertain, observe Alain Savary, directeur général d’Axema, syndicat des industriels de l’agroéquipement. D’autres peinent à abandonner les notions de puissance et de productivité qui ont fait leur succès.»

La société ayant aujourd’hui pris acte de la sensibilité animale, il en découle une attente croissante en matière de bien-être animal et après les avancées de la loi du 30 novembre 2021, il apparaît maintenant nécessaire de poursuivre cette dynamique.

Cette amélioration passe par une implication et une mobilisation accrue de tous les acteurs, éleveurs et professionnels en contact quotidien avec les animaux, vétérinaires, services d’inspection de la santé publique vétérinaire, industriels, scientifiques ou encore associations de protection animale mais également amateurs de chasse sous toutes ses formes, adeptes de la tauromachie, propriétaires de cirques, de zoos, de delphinariums etc.

Elle nécessite surtout la détermination et mise en commun de données scientifiques, garantissant la sérénité du dialogue entre les acteurs ainsi qu’une meilleure formation des professionnels et une meilleure information de la société civile.

Sources : Wikipedia.org – anses.fr – agriculture.gouv.fr – fawec.org – ciwf.fr – oie.int – L214.com – popsciences.universite-lyon.fr – produire-bio.fr – terrena.fr

– Le bien-être animal (2) : une attente sociétale forte –

– Le bien-être animal (2) : une attente sociétale forte –

La question du bien-être animal émerge chaque fois que les humains interfèrent avec les animaux. Elle concerne l’élevage, mais également l’utilisation des animaux à des fins de recherche scientifique et d’enseignement, les activités de chasse, de pêche ou celles sportives et culturelles (zoos, corridas…). Le rapport aux animaux de compagnie, dont certains nous assistent (chiens d’avalanche, chiens guides d’aveugle, brigades canines, chevaux etc.) est également concerné.

Pour toutes ces pratiques qui mettent en jeu des animaux et leur bien-être, le contrôle de la puissance publique et la mise en place de cadres réglementaires sont de plus en plus considérés comme une exigence sociétale.

Le bien-être animal : une attente sociétale forte

Associations de protection animale

Depuis plusieurs années, certaines associations de protection animale portent la contestation à l’encontre de la production agricole française, avec des velléités

  • abolitionnistes : leur but est de mettre fin à toute forme d’exploitation des animaux et leur combat est porté par des campagnes choc.
  • welfaristes : elles ne remettent pas en question l’élevage mais œuvrent pour l’amélioration de la condition des animaux.

Médias

Les conditions de vie et d’abattage des animaux d’élevage font régulièrement la une des journaux d’information télévisés et circulent en boucle sur les réseaux sociaux, notamment grâce aux témoignages choc qu’apportent les vidéos de L214.

En outre, tauromachie, chasse à courre, chasse à la glu et autres « traditions » génératrices de souffrances pour les animaux sont régulièrement au cœur de l’actualité.

Citoyens / consommateurs

Selon une étude de l’IFOP parue en janvier 2021,  les français sont cette année encore plus des deux tiers (69%) à estimer que les politiques ne défendent pas suffisamment bien les animaux.

Ils se déclarent toujours très majoritairement favorables à l’interdiction de toute expérimentation animale (89%, +3 points en un an), de l’élevage intensif (85%, +4), de la chasse à courre (77%), des corridas en France (75%) et de la présence d’animaux sauvages dans les cirques (72%).

Neuf Français sur dix sont toujours opposés au commerce de la fourrure (90%).

En parallèle, on observe une évolution des consommations alimentaires (flexitarisme, végétarisme, véganisme) et, surtout, un attrait du consommateurs pour les filières plein air ou bio.

Industriels

Le classement « Business Benchmark on Farm Animal Welfare » (BBFAW) publie chaque année les progrès en termes de bien-être animal des grands groupes du secteur agroalimentaire, évalués sur la base de leurs engagements et des informations rendues publiques.

Le classement 2020 souligne qu’environ deux tiers des entreprises gèrent activement les risques et les opportunités liés au bien-être animal. En particulier, 79 % des grands groupes alimentaires se sont engagés à atteindre des objectifs précis sur le bien-être animal.

Pouvoirs publics

Ce débat nourri sur le bien-être animal se formalisme, tant au niveau national qu’européen,  par des colloques ou des publications mais également des propositions de lois.

Ces dernières années, les pouvoirs publics ont ainsi agi concrètement :

  • modification du code civil en 2015.
  • vote de lois, par exemple, la loi de lutte contre la maltraitance adoptée par l’Assemblée nationale le 30 novembre 2021
  • publication d’arrêtés ou de décrets, par exemple,  décret du 18 décembre 2020 qui prévoit la création d’un référent bien-être animal dans chaque élevage et vise à limiter les souffrances inutiles envers les animaux.

Les initiatives…et les freins

Le RIP

Un projet de référendum d’initiative partagée, est présenté le 2 juillet 2020, afin de réfléchir à une proposition de loi visant à « améliorer le sort de 1 milliard d’animaux en France ». Il est porté par trois grands patrons de la tech, Xavier Niel (groupe Iliad), Marc Simoncini (fondateur du site Meetic) et Jacques-Antoine Granjon (Veepee), par le journaliste Hugo Clément associés à une vingtaine d’associations de défense des animaux et de protection de l’environnement.

L’objectif du RIP est de faire valoir six propositions : l’interdiction de l’expérimentation animale (en cas d’alternatives), de l’élevage en cage et pour la fourrure, des spectacles d’animaux sauvages, de la chasse à courre et traditionnelle, et la sortie de l’élevage intensif d’ici à 2040.

Comme le prévoit la réforme constitutionnelle de 2008, toutes les mesures ne pourront être soumises à un RIP qu’après avoir franchi plusieurs étapes. D’abord, un cinquième des membres du Parlement (185 parlementaires) doivent donner leur accord. A ce moment-là seulement, les organisateurs auront neuf mois pour recueillir les signatures des citoyens, sachant que le RIP ne pourrait éventuellement être déclenché que si 10 % du corps électoral (4,7 millions de citoyens) soutiennent l’initiative.

Une tâche ardue…

Al’initiative avait recueilli l’appui de 151 parlementaires sur les 185 nécessaires pour l’organisation du référendum, loin du seuil mais suffisant pour démontrer que la cause animale s’est définitivement installée dans l’agenda politique.

En effet, ce sont des parlementaires de tout bord qui se sont ralliés à cette idée. « La diversité politique des parlementaires est assez révélatrice de la force de cette initiative. C’est très important pour nous car la question de la condition animale est transpartisane », affirme Hugo Clément .

Les politiques l’ont bien senti, l’attente des électeurs est réelle. Avec un demi-million de voix et un score de 2,2 % aux élections européennes de 2019, le Parti animaliste avait déjà imposé la thématique dans le débat public. Désormais, les députés n’hésitent plus à signer en nombre des propositions de loi sur le sujet ; ils sont donc plus de 150 à défendre l’amélioration du bien‑être des animaux de compagnie et une soixantaine pour l’amélioration de la condition animale et la lutte contre la maltraitance.

Les actes

Le 30 novembre 2021 est promulguée la loi visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes (voir article le bien-être animal (1) : historique et définition).

Elle instaure notamment  :

  • un nouveau certificat pour l’acquisition d’un animal de compagnie,
  • des sanctions renforcées en cas de sévices et de zoophilie,
  • la fin des delphinariums en 2026 et des animaux sauvages dans les cirques itinérants en 2028.

D’autres petites avancées sont faites de ci de là :

  • expérimentation d’un repas végétarien ou végétalien par semaine dans certaines cantines scolaires depuis novembre 2019.
  • annonce de la fin du broyage des poussins et de la castration à vif des porcelets fin 2021.

Mais, malgré la loi EGalim (« loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous », votée en 2018 et issue des États généraux de l’alimentation lancés en 2017.), le modèle agro-industriel, quant à lui, n’est pas remis en question.
L’Hexagone est à ce titre en retard sur d’autres pays européens. La question du bien-être animal est, par exemple, intégrée dans les Constitutions allemande et autrichienne, et le Parti des animaux néerlandais est représenté au Parlement européen. La France, elle, freine, et n’applique pas systématiquement les directives européennes de protection animale, par exemple pour la chasse à la glu ou lors de la mise à mort des animaux dans les abattoirs.

Les lobbies

Car les avancées observées ne se font pas sans mal : les parlementaires restent frileux, sensibles à l’influence des lobbies, tout particulièrement celui de l’industrie agroalimentaire, des agriculteurs de la FNSEA et des chasseurs. Même si ces derniers perdent du terrain, leur emprise reste forte, y compris auprès d’un chef de l’Etat qui les cajole.

Ainsi le Conseil d’Etat avait rejeté en 2019 une demande d’interdiction de cette méthode «traditionnelle» qui consiste à capturer des oiseaux à l’aide de tiges en bois enduites de glu et posées sur des arbres ou buissons, estimant que la réglementation prévoit «un régime d’autorisation et de contrôle rigoureux». L’Association nationale de défense des chasses traditionnelles à la grive, saluant à l’époque la décision du Conseil d’Etat, avait de son côté dénoncé sur son site Internet des «campagnes de dénigrement infondées» de la part d’«ayatollahs, apôtres de la pensée unique».

Il a fallu que la LPO (Ligue Protectrice des Oiseaux) en appelle à la juridiction européenne afin que celle-ci somme la France de se mettre en conformité.

Les chasseurs se sont également fortement mobilisés contre le RIP, première étape, selon eux, d’une interdiction totale de la chasse.

De leur côté, les fédérations de professionnels de la filière viande ou de la chasse (Fédération nationale des chasseurs, la FNSEA, la Société centrale canine) mènent des actions de lobbying intenses auprès des élus «pour que rien ne change au sujet de la cause animale». La France est la « lanterne rouge » de l’Europe sur la question du bien-être animal, qui se joue souvent à l’échelon européen et a tenté, par exemple, de bloquer l’interdiction de l’expérimentation animale pour les cosmétiques.

Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux et ministre de la Justice, est un fervent défenseur de la chasse, et a notamment préfacé avant son entrée au gouvernement un livre de Willy Schraen (Un chasseur en campagne) où ce dernier qualifie certains militants écologistes « d’intégristes » et « d’illuminés » et les défenseurs de la cause animale d’« ayatollahs de l’écologie (qui se serviront du livre) pour allumer le barbecue où ils cuiront leurs steaks de soja ». Il y dresse également un portrait élogieux d’Emmanuel Macron, avec lequel il se targue d’avoir des liens privilégiés.

De son côté, l’industrie de la fourrure dénonce la substitution de ce produit naturel par des peaux synthétiques faites de matières plastiques nocives pour l’environnement. En novembre, la Fourrure française a écrit une lettre ouverte au magazine Vogue France jugeant «absurde» de «désigner des vêtements en matière plastique comme éco-friendly parce que réalisés à partir de matières soigneusement sélectionnées de fourrure acrylique et modacrylique». La filière française de la fourrure estime que les décisions des créateurs et des consommateurs sont dues à un «climat de terreur» provoqué par «la violence et le harcèlement» des militants défendant la cause animale.

Et autres freins

Enfin, la deuxième chambre, le Sénat, reste très éloignée des préoccupations des Français et des Françaises. Ne devant  rendre des comptes qu’à des élus locaux, et non aux citoyens, ils sont parfois déconnectés de la réalité. Ils ont, par exemple, été très surpris de voir les réactions sur les réseaux sociaux et dans les médias après leur lecture en commission du texte relatif à la loi sur le bien-être animal et ont tendance à sous-estimer l’impact de ces questions dans l’opinion publique.

Un élément clef de différenciation marketing

La diffusion des vidéos dénonçant de mauvais traitements envers les animaux élevés pour une marque précise bouleversent de plus en plus les Français. Beaucoup déclarent être prêts à boycotter une marque qui serait responsable de tels agissements.

Le bien-être animal devient donc, aussi, un élément clef de différenciation marketing.

Ainsi, quatre ONG de protection animale (LFDA, CIWF, OABA, WELFARM), trois distributeurs (le groupe Casino, le groupe Carrefour, les magasins U) et des producteurs de volailles (Les Fermiers de Loué, Les Fermiers du Sud-Ouest, Galliance), ont travaillé avec l’INRAE à une évolution de l’étiquetage des poulets, coconstruit dans une volonté commune d’accompagner le progrès de la filière tout en informant le consommateur de manière claire, fiable et robuste. 

Cet étiquetage prévu pour tous les produits, quel que soit leur niveau de gamme, permet de donner une information claire et fiable au consommateur sur le niveau de bien-être animal associé aux produits commercialisés pour leur permettre d’orienter leurs achats. Il encourage également les éleveurs qui pourront développer et mieux valoriser leurs pratiques en faveur du bien-être animal. 

L’étiquetage repose toujours sur un référentiel technique de 230 critères, qui couvrent les différentes étapes de la vie de l’animal, depuis la naissance, jusqu’à l’abattage en passant par le transport, et comprenant dorénavant 5 niveaux :

  • Les trois premiers niveaux A, B et C valorisent des pratiques garantissant une amélioration significative du bien-être animal, ils ont un niveau d’exigence croissant, avec par exemple l’obligation d’un accès extérieur aux niveaux A et B ;
  • Les niveaux D et E informent le consommateur, en toute transparence, que les pratiques correspondent à un niveau minimal réglementaire (E), ou à quelques exigences complémentaires avec une mise en place de plans de progrès (D).

L’étiquette présente désormais aussi un pictogramme indiquant le mode d’élevage associé (ex. accès à l’extérieur ou élevage en bâtiment) pour répondre à la préoccupation des consommateurs.

La condition des animaux, dont l’intelligence a été démontrée par l’éthologie et la sensibilité reconnue par la loi, doit être améliorée et mieux respectée.

Et c’est bien l’évolution de l’opinion en ce sens qui porte le débat et incite à l’action les pouvoirs publics.

A poursuivre, pour eux, pour nous…

Sources : Wikipedia.org – anses.fr – agriculture.gouv.fr – fawec.org – ciwf.fr – oie.int – L214.com – popsciences.universite-lyon.fr – Le Monde – terrena.fr

– Le végétarisme : pour en finir avec les idées préconçues –

– Le végétarisme : pour en finir avec les idées préconçues –

Végans contre carnivores, le débat fait rage. Cela n’est certes pas nouveau mais le contexte de dérèglement climatique que nous connaissons en fait plus que jamais un sujet d’actualité.

L’objectif de cet article n’est pas de faire du prosélytisme ni de convaincre quiconque d’adopter une mode de vie qui ne lui correspond pas (encore 😉 mais simplement de lister quelques clichés auxquels il est temps de tordre le cou.

Qu’est-ce que ça mange un végétarien ?

Un végétarien mange beaucoup de choses, et pas uniquement des plats préparés (à base de soja ou autre, nous en reparlerons ultérieurement).Son assiette peut être garnie avec des tomates, des courgettes, des aubergines, des poivrons, du chou-fleur, des haricots, de lentilles, des carottes de toutes les couleurs, des poireaux, des pois-chiche, des courges de toutes sortes, des potirons, des avocats, des épinards, des brocolis…mais aussi des cacahuètes, des noix, de noix de coco, des noix de cajou, des noisettes,des raisins secs…et bien sûr des pommes, des poires, des bananes, des oranges, des fraises,des myrtilles, des ananas, du melon, des oranges…ah oui, également du riz, des pâtes, du sarrazin, du quinoa, du boulghour…
….et même avec des frites !

Enfin, fromage et yaourts (à base de lait végétal pour les végans) peuvent compléter le repas.

Cela en fait du choix, non ?

Ben oui mais c’est triste…

L’omnivore choisit d’abord la viande qu’il veut manger, le légume vient après car il n’est qu’un accompagnement. Il pense donc couramment que renoncer à manger de la viande signifie se retrouver devant une assiette de riz au beurre ou de petits pois fraîchement sortis de leur boite !
Que nenni…

Le végétarien combine les légumes, céréales, épices pour préparer des menus colorés et variés.

Une assiette de végétarien est toujours gaie et riche en saveurs.

Si vous souhaitez en avoir un léger aperçu -> Qu’est-ce qu’on mange ?

Il faut manger de tout (sous-entendu de la viande) pour ne pas être carencé !

Eh bien parlons-en !
Savez-vous que la viande de bœuf contient, selon les morceaux, entre 18 et 30 g de protéines (pour 100 g)
A titre de comparaison, les lentilles en contiennent 24,6 g, les pois cassés 23,8 g et les pis chiches  20,5 grammes
Si vous ajoutez à votre repas qq graines de lupin à 36,2 g de protéines/100 g, l’AJR de protéines sera largement couvert.

En outre, ce sont les légumes, fruits frais, légumineuses, céréales complètes qui apportent au corps vitamines, antioxydants, minéraux, fibres…indispensables à notre équilibre nutritionnel. L’excès de viande, en revanche, est néfaste puisqu’il s’agit, selon l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) d’un aliment à risque.

Enfin, s’il est vrai que le fer végétal est plus difficilement assimilé que le fer animal, il existe suffisamment de sources de fer végétal, telles que les pois chiches, les épinards, et le brocoli pour éviter tout manque de ce côté là.

Bref, les seuls risques de carences possibles dans le cadre d’un régime végétarien sont celles en iode et en vitamine B12.

C’est la culture intensive du soja qui détruit l’environnement

La culture de soja est, malheureusement, responsable d’une grande partie de la déforestation de la forêt amazonienne, au Brésil notamment, où la surface dédiée à sa culture a quadruplé au cours des quarante dernières années.

En outre, les cultivateurs de soja ne lésinent pas sur les pesticides, dont le fameux glyphosate, qui contaminent les sols et les cours d’eau, générant des problèmes sanitaires chez les autochtones.

Enfin, la majorité de la production mondiale de soja est issue d’OGM, dont on doute désormais sérieusement de l’innocuité sur la santé humaine mais également sur l’écosystème.

Certes, le soja est traditionnellement associé à l’alimentation des végétariens…Et il est vrai que cette légumineuse, donc de la même famille que les lentilles, les fèves ou les pois, aujourd’hui déclinée sous diverses formes (fèves, germes, huile, tofu, yaourt, lait, farine, fermenté) peut constituer un apport substantiel de protéines.

Mais n’oublions pas qu’une part importante du soja cultivé dans le monde est destinée à l’alimentation animale.

L’industrie agroalimentaire quant à elle utilise largement l’huile de soja, peu chère, dans de nombreux produits transformés (plats préparés, sauces, biscuits, etc.).

Les végétariens ne sont donc pas les seuls consommateurs de soja, loin s’en faut. Son utilisation massive à la fois pour l’alimentation des animaux mais aussi par l’industrie agro-alimentaire dans de nombreux produits transformés rend le monde entier responsable des dégâts générés par sa culture intensive.

Si on ne mange plus de viande, les animaux domestiques vont disparaître

Quelle vie offrons nous aux animaux que nous condamnons à rester prisonniers quelques mois d’une étable insalubre ou d’une cage plus qu’exigüe (l’élevage intensif, je le rappelle, concerne 8 animaux sur 10) ? Pourquoi faire naître un veau si c’est pour l’enlever à sa mère dans les 24h qui suivent sa naissance ?

Les veaux, les cochons sont abattus à 6 mois alors que leur espérance de vie peut atteindre 20 ans. Quant aux poulets, ils ne vivent en moyenne que 35 jours !

En France, ce sont près de 1,1 milliard d’animaux qui sont abattus chaque année pour satisfaire notre consommation, notamment de viande.

Dans le monde, on tue 183 animaux par an et par habitant.

Nous ne faisons naître les animaux domestiques que pour les tuer très rapidement. Donc, soyons honnêtes, la pérennité des espèces n’a rien à voir avec cela.

Il est vrai que que l’Homme a exercé une sélection sur de nombreuses espèces (vaches, moutons, volaille etc.) qui les a rendues complètement incapables de survivre à l’état sauvage. Il est possible que ces espèces, qui sont en quelque sort des chimères créées de toutes pièces par un humain démiurge, risquent de s’éteindre. Mais cette croyance que les animaux domestiques disparaitraient dans une humanité entièrement végétarienne est un concept anthropocentré oublieux de la puissance de la nature et des capacités d’adaptation et d’évolution des espèces. Certaines disparaîtront, probablement, mais d’autres sauront survivre.

Connaissez-vous les burros ? Ce sont des ânes qui ont été acclimatés dans les plaines du sud des Etats-Unis par les premiers colons espagnols. Les chercheurs d’or les ont utilisés lors de leur fameuse conquête. Puis, les filons se sont épuisés, les hommes sont rentrés, les ânes ont été abandonnés et sont retournés à l’état sauvage. Aujourd’hui, ils sont toujours vivants et s’épanouissent en Arizona.

Manger de la viande, c’est la nature de l’homme

Ah, l’imparable argument de la nature de l’homme…

Est-ce la nature de l’homme de regarder la télévision ? de passer des heures sur son smartphone ? Cela fait bien longtemps que nos sociétés occidentales ne mangent plus uniquement pour se nourrir et ne s’habillent plus uniquement pour avoir chaud !

Qu’y a-t-il de naturel dans l’élevage des dindes aux Etats-Unis par exemple ? Le poids de ces pauvre animaux a doublé en 50 ans. A coups de sélection génétique, l’homme en a fait un monstre si lourd et si peu mobile qu’il est incapable de se reproduire naturellement.

Il y a quelques millénaires, l’homme était chasseur-cueilleur puis il est devenu agriculteur.

La nature de l’homme n’est pas d’être carnivore, omnivore ou végétarien, la nature de l’homme est plutôt d’être opportuniste et sa force est de savoir s’adapter à l’environnement qui l’entoure et à ce qu’il a à disposition en termes de ressources et de moyens.

Bref …

La querelle végétariens-végans vs amnivores-carnivores n’est pas récente. Les pythagoriciens condamnaient déjà la consommation de viande lorsque les stoïciens enseignaient que les bêtes n’existaient que pour satisfaire notre belle espèce. Et c’est certainement dans ce dernier point qu’est le coeur du débat…

Quelle que soit notre sensibilité, n’oublions pas que nous ne sommes pas les maîtres du monde mais juste un simple maillon d’une immense chaîne. Et nous n’avons aucun droit mais beaucoup de devoirs envers les autres espèces animales et végétales qui peuplent notre terre.