Le travail, élément incontournable de notre quotidien
Pour la majorité d’entre nous, le mot travail est indissociable du besoin de gagner sa vie et est associé à une quantité de contraintes dont on se passerait bien :

- devoir se lever (trop) tôt le matin
- ne pas pouvoir s’habiller comme on en a envie : costume/cravate, tailleur/talons hauts de rigueur pour les « col blancs » ou vêtements qui ne risquent rien pour les « cols bleus »,
- avoir à sortir par tous les temps
- n’avoir pas d’autre choix que de se tasser dans le métro ou de s’agglutiner dans les bouchons
- et puis, devoir faire ce pour quoi on sera payé, dans le bruit ou le froid ou la poussière
- avoir à supporter des supérieurs ou des clients acariâtres
- regarder sa montre parce que l’on s’ennuie ou parce que l’on doit toujours aller plus vite
- savoir que le lendemain, le surlendemain, toutes les journées des dizaines d’années que l’on a devant soi ressembleront à celle d’aujourd’hui.
Heureusement, à cela viennent s’ajouter quelques sensations positives : sentir en soi un soulagement lorsque vient l’heure de pouvoir rentrer chez soi, exulter le vendredi soir car, à moins d’être dans la catégorie des forçats du week-end, les journées vont ressembler…

…à ça…

…ou encore…

…ou peut-êre…

…à moins que ?
Un peu d’étymologie

Selon Alain Rey, le mot travail apparaît au XIIème siècle et trouverait ses racines dans le verbe latin tripaliare, qui signifie « tourmenter, torturer avec le trepalium ».
Le trepalium était un instrument formé de trois pieux, qui servait à immobiliser les grands animaux, par exemple les chevaux pour les ferrer, ou un instrument de torture auquel on attachait les esclaves pour les punir.
Par son origine, le mot « travail » englobe donc à la fois des notions de CONTRAINTE (le trepalium immobilise) et de SOUFFRANCE (le trepalium est un instrument de torture).
Au Moyen Âge les deux concepts de labeur, issu de trepalium et désignant une activité nécessaire, induisant de la peine, et d’ouvrage de opus, œuvre, activité créatrice d’éveil génératrice de joie, coexistent.
Et c’est à la fin du XVe que « œuvrer » disparait au bénéfice de « travailler » et que, désormais, la langue française ne prendra plus en compte la différence entre l’activité et le produit de cette activité : le journaliste travaille pour écrire une chronique et le journal publiera le travail du journaliste.
Pour info, les pays anglo-saxons, par exemple, font quant à eux toujours la nuance : « labour » est l’action de travailler, « work » est le résultat.
Dans le langage (français) courant, le mot « travail » gardera principalement ces deux sens principaux : une activité et le résultat de cette même activité.
Ma définition
Le travail est une activité…
– pour laquelle un individu est formé et qui lui permet de satisfaire ses besoins ou ceux de la communauté par la réalisation de biens ou de services (synonyme : profession). Il est l’un des facteurs de production (au même titre que le capital ou la terre)
– qui constitue une source de revenus (synonyme emploi) mais qui peut également ne pas être rémunérée (travail domestique dans le contexte familial) et qui constitue un des éléments d’appartenance de l’individu à la société. Un père « au foyer » travaille, l’épouse qui prend en charge les courses et la préparation du repas après sa journée au bureau, prolonge sa journée de travail.
– qui est exercée dans la douleur ou de manière contrainte : s’entraîner pour le marathon nécessite du travail, faire un devoir de mathématiques est un travail pour un élève. Le travail désigne, en obstétrique, toute la phase de contractions qui va permettre la naissance de l’enfant, phase éminemment douloureuse.
…activité de 3 types
– salarié, c’est la forme de travail la plus courante puisqu’en 2020, on comptait, en France, 25 salariés pour 3 non salariés.
– libre. On entend par là le travail fourni par les travailleurs indépendants, dans un contexte marchand, ou, dans un contexte non marchand, le travail effectué dans le cadre familial, les associations, le bénévolat. On peut voir régulièrement fleurir sur les réseaux sociaux le portrait de jeunes gens prétendant avoir « arrêté de travailler » , les loyers de leur acquisitions immobilières subvenant entièrement à leurs besoins. Pourtant, la gestion des biens, le suivi des locations, les réparations et entretiens diverses etc. s’apparentent bien à une activité travaillé.
Et, dans un autre registre, les bénévoles des restos du cœur travaillent.
– forcé comme l’esclavage, les travaux forcés, les corvées. Même si dans notre pays, elle ne concerne (légalement) plus personne, il s’agit encore néanmoins dans le monde d’un important réservoir de main d’œuvre
Le travail, élément de bien-être ?
Le travail est un facteur d’épanouissement personnel pour 1/3 des actifs qui estiment que, dans un contexte où l’autonomie et la confiance sont grandes et où le soutien et la reconnaissance sont au rendez-vous, leur estime de soi se développe et donc leur bien-être personnel.
Le premier point est, bien entendu, le fait que le travail nous procure un salaire et nous responsabilise donc en tant que fournisseur de moyens pour couvrir les besoins en nourriture, logement, santé, confort pour notre famille. En outre, ce salaire nous donne une indépendance financière souvent synonyme de liberté individuelle.
Le second point est qu’une activité professionnelle nous permet souvent de tisser des liens sociaux et nous conforte dans l’appartenance à un groupe.
Enfin, pour les plus chanceux, le travail permet de mettre à profit notre intelligence voire notre créativité, et représente par là un réel moyen de développement et d’enrichissement personnel.
Cela dit, tout n’est pas rose : 1 actif sur 10, selon l’étude « Travail et bien-être psychologique » (DARES, 2016), est en souffrance au travail. Ceci se manifeste alors par des désordres psychologiques (perte de l’estime de soi, burn-out, dépression) ou physiques (maux de ventre, boulimie, éruptions cutanées etc.).
Pour finir…
…sur le sujet « travail », je vous laisse réfléchir à ce qu’en a dit ce fameux sociologue :
Les hommes doivent en priorité se « désaliéner » de la technique et démythifier les fausses valeurs qu’elle charrie, en premier lieu le travail et surtout « l’idéologie du bonheur »
En effet, malgré les dommages qu’il cause, le travail continue d’être universellement érigé en valeur et il en est ainsi parce qu’il est vécu comme une « promesse de bonheur », plus précisément de confort matériel, la quête de confort primant désormais sur toutes les valeurs traditionnelles, à commencer la liberté.
Or, pourquoi être exhorté à travailler toujours plus dans une société telle que la nôtre qui dépense de l’énergie pour surproduire des objets superflus au détriment de l’équilibre écologique de la planète ?
A méditer…