Si vous avez des velléités d’écriture, et que vous vous imaginez passant des heures, debout, face à votre écritoire tel Henri Troyat ou reclus dans un vaste bureau éclairé par le soleil de Key West, à l’instar d’Ernest Hemingway, ne lisez pas Confiteor.

Car la lecture de Confiteor risque de vous faire douloureusement sentir que l’écriture est un art et que, peut-être, ce n’est pas sur votre berceau qu’une fée s’est penchée pour vous en attribuer le don…

Jaume Cabre

Jaume Cabre

Jaume Cabre est un écrivain catalan, belle province espagnole qui semble propice à l’éclosion d’artistes majeurs, de Dali à Miro, de Montaner à Gaudi, de Verdagor à Del Arbol.

Avec Confiteor, Cabre réussit un exercice de style attestant d’une maîtrise absolue de l’art de l’écriture, dans sa technicité mais aussi dans son rôle de vecteur de savoir et d’émotions.

La trame

Confiteor, comme nous l’apprend Wikipédia, est une prière de contrition de la liturgie catholique. Contrition, le mot est lâché.
L’histoire se déroule à Barcelone, dans les années cinquante. Adria Ardèvol, au crépuscule de sa vie, tente, avant que la maladie n’effiloche ses souvenirs, de retracer l’histoire familiale

Enfant unique de parents exigeants, Adria est, malgré lui, dépositaire de l’histoire familiale dont on devine progressivement les turpitudes, au travers de certains des objets qui ont peuplé le magasin du père d’Adria, antiquaire barcelonais.

Et ce sont ces objets que l’on suit, depuis leur genèse, au travers de toutes les horreurs qui ont émaillé l’histoire européenne comme l’inquisition, l’invasion nazie, le franquisme, pour converger vers Auschwitz, point culminant de l’abomination.

Alors ?

Alors, je ne vous en dis pas plus et vous laisse décrypter le poids que porte cet enfant et ce qui l’amène à cette ultime confession.

Car décrypter peut-être le premier mot qui vous viendra à l’esprit lorsque vous vous attellerez à cette œuvre. Sa lecture nécessite de la concentration, l’auteur réussissant l’exploit de glisser d’une époque à une autre en faisant parfois fi de la ponctuation et en mettant ainsi bien à mal nos repères spatio-temporels classiques. Puis les objets nous deviennent familiers, l’exercice est maîtrisé et la lecture de Confiteor devient un vrai moment de plénitude.

Plongez dans le parcours de cet enfant mal aimé, de cet adulte dépositaire de ce que l’humanité a de plus abject mais plongez surtout dans cet éloge à la beauté et dans cette quête du pardon, fruit d’un douloureux cheminement personnel mais qui reste notre unique espoir contre le Mal