Ah, tous ces bons moments associés à l’alcool !
La (ou les) bière(s) que l’on va boire le vendredi soir entre collègues, le champagne que l’on débouche aux mariages, baptêmes, anniversaires, ou pour célébrer l’achat de la nouvelle voiture, le vin que l’on sert à ses amis en prenant soin de ne pas faire d’impair : le blanc sec pour les huitres, le moelleux pour le foie gras, le rouge avec la viande, une autre bouteille pour le fromage sachant que l’on ne sert pas le même avec des fromages à pâtes molle qu’avec des fromages à pâte cuite, je ne vous apprends rien…

Je ne sais pas si vous avez remarqué…

…mais, depuis que les pots avec alcool sont interdits en entreprise et dans les mairies, on en organise moins, voire plus du tout. Il est vrai que les participants à ce genre d’événement se sont raréfiés et, s’ils n’ont pas le choix, ils se contentent de passer en coup de vent absorber leur jus de tomate et se sauvent parce que « le petit est tout seul », « je dois me lever tôt demain », « j’ai promis de rentrer de bonne heure »….mais surtout parce qu’ils s’ennuient !
Tiens, tiens… que se passe-t-il ? Ne manquerait il pas un petit quelque chose ?
Ce petit je-ne-sais-quoi qui fait que rapidement, tout le monde se lâche.
Ce petit truc qui nous fait éclater de rire pour un rien, qui nous permet, à nous qui n’osons jamais, d’aller au devant des autres, qui nous donne, à nous qui sommes si introvertis, le courage de prendre la parole et le sentiment de parvenir à nous exprimer avec une facilité déconcertante. Bref, tout ce qui permet de fluidifier les relations sociales.

Eh oui, vous l’aviez deviné : il manque l’alcool !
L’alcool, le plus courant des psychotropes, décliné universellement, et ce depuis la nuit des temps et revendiqué par certains comme un élément fondamental de leur culture (cocorico).

Revenons aux fondamentaux

Ce que l’on connait sous le terme générique d’alcool se trouve dans un très grand nombre de produits obtenus aussi bien à partir de céréales que de fruits ou de légumes. Ces produits peuvent avoir des goûts, des textures, des couleurs différents mais ils présentent tous la particularité d’avoir sur notre organisme les effets que l’on connait.

Tous ces produits renferment de l’éthanol ou alcool éthylique, plus communément connu sous la dénomination d’alcool pur. L’éthanol peut provenir de la fermentation de fruits, comme la pomme pour le cidre ou le raisin pour le vin , de grains, comme l’orge pour la bière, de tubercules, comme la pomme de terre pour la vodka.
La fabrication de certains alcools comporte une étape de distillation, qui permet d’augmenter leur concentration en alcool pur. Celle-ci varie donc en fonction du produit et il est obligatoire de l’indiquer sur les bouteilles en ° ou %. Ainsi, un vin à 12,5 ° contient 12,5 ml d’alcool pour 100ml .

Dit de manière brute, plus le degré est élevé, plus la boisson est concentrée en alcool pur, ce qui est exact. Néanmoins, n’oublions pas que lorsque l’on boit une « petite » (25cl) bière à 5°, on ingurgite 1,25 ml d’alcool, soit autant que lorsque l’on prend un verre de whisky de 3cl à 40°. Pourtant, « boire une bière », est très souvent synonyme de « se désaltérer ». 

L’action de l’alcool et le principe d’addiction sont bien identifiés .
L’alcool est absorbé directement à travers l’estomac et l’intestin, passe ensuite par le foie et se diffuse dans tout l’organisme et notamment dans le cerveau.
En outre, il a une redoutable particularité : contrairement aux autres psychotropes, il n’a pas de récepteur spécifique, mais agit sur la plupart des systèmes de transmission cérébraux.
Aux États-Unis, depuis 2016, le fentanyl est la drogue la plus tueuse par overdose , il est suivi par l’héroïne et l’alcool arrive en troisième position.

L’alcool est une drogue dure

On le sait mais bon, c’est bien connu, cela n’arrive qu’aux autres. Nous nous sommes en bonne santé, donc certainement immortels.
Et les effets de l’alcool apparaissent progressivement, mettant parfois de longues années à se développer insidieusement dans notre organisme.
Une partie importante des consommateurs présentent un usage dit « excessif » qui a donc des effets néfastes sur le corps ou sur le plan social mais ne sont pas dépendants. Seul un faible pourcentage de l’ensemble des consommateurs d’alcool (3,5%) est considéré comme dépendant.
Et, dans la plupart des cas, les consommateurs « excessif », même s’ils ne parviennent pas à maîtriser leur consommation d’alcool, ne se considèrent pas comme alcooliques.

Les signes avant-coureurs ne manquent pas : troubles cardiaques, de la mémoire, du sommeil, tremblements, anxiété, dépression.
Mais le consommateur reste dans le déni : il ne se rend pas compte qu’il ne maîtrise pas sa consommation d’alcool, il ne voit pas ceux qui se moquent de son visage bouffi et ses yeux rouges, voire qui détournent la tête pour ne pas sentir son haleine.
Et puis, c’est l’annonce du cancer ou de la cyrrhose, ou d’une maladie neuro-dégénérative, ou c’est un accident cardio-vasculaire ou cérébral majeur (liste non exhaustive !)
Ou bien c’est le bébé dont le cerveau est irrémédiablement endommagé et qui ne sera jamais « comme les autres » parce que sa maman lui aura fait boire, via le placenta, de l’alcool que son petit foie immature était incapable de digérer.

A ce moment là, oui, on voudrait pouvoir remonter le temps, revenir à cette période où l’on était encore maître de soi et de son corps avant d’abandonner et de laisser les rênes à l’alcool.

Alors, que faire ?

Se sentir bien, voir  disparaître ses inhibitions, rire, aller vers les autres, échanger : oui, bien sûr.
Ne plus être capable de se tenir debout, bafouiller, perdre toute dignité devant ses collègues ou ses enfants, perdre connaissance, avoir des trous noirs, devenir violent, vômir, prendre sa voiture et rouler à gauche sans s’en rendre compte ou être incapable de différencier un arbre d’un être humain : non.
Etre un adepte du « binge drinking » (que l’on peut traduire par « biture expresse ») et boire un maximum d’alcool en un minimum de temps afin d’atteindre le plus rapidement possible un niveau d’ivresse maximale : non, non et non.

Selon les critères de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), consommer plus d’une certaine dose quotidienne (deux verres d’alcool pour les femmes et trois verres pour les hommes) est un comportement à risques.
Il faut donc, à un moment, se poser, prendre du recul et ne pas se voiler la face : boit-on plus d’alcool qu’il y a quelques années ? Boit-on plus souvent ?
Dans ce cas, même en l’absence de symptômes, il est indispensable de diminuer sa consommation. La balance bénéfices/risques penche nettement du bon côté, même si cela demande de la volonté :

– boire lentement, en mangeant et en alternant avec de l’eau
– prendre conscience de la venue de l’ivresse
– savoir dire /se dire non
– essayer d’avoir des jours dans la semaine sans consommation d’alcool
– s’accorder des moments de plaisir et de détente autrement (sport, activité culturelle, moments entre amis autour d’un café, activité d’extérieur…).

En un mot : rester son propre maître.