Corée, moyen-âge, zombies… un cocktail qui peut faire hésiter à se lancer dans l’aventure du visionnage de cette série ! Et pourtant…

VO coréenne de rigueur, bien entendu.

Le synopsis

Dans une Corée moyenâgeuse, à peine débarrassée des envahisseurs japonais, le roi est atteint d’une maladie étrange et son entourage de courtisans corrompus le maintient caché aux yeux du reste du monde. Même le prince héritier Chang est maintenu à l’écart.

Le roi serait-il atteint de cette mystérieuse peste qui se répand dans le royaume ? Désireux d’en savoir davantage, le prince, en compagnie de Moo-Young, son dévoué garde du corps, part tenter de découvrir ce qui se passe dans son royaume.

La série est adaptée d’un webcomic et compose avec les codes des films d’horreur et ceux du Sageuk.

Sageuk est une locution coréenne (사극) dont la traduction mot à mot est « drame historique ». Dans son usage international, ce terme se réfère aux séries télévisées et aux films coréens dont l’action se situe durant la période Joseon, dynastie qui régna sur la Corée à partir de 1392 ou avant.

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Kingdom manie avec habileté le Sageuk. Les décors sont somptueux, qu’ils soient construits par l’homme, tels les forteresses ou les cités princières, ou qu’ils soient naturels, paysages, grottes et étendues sauvages

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Les costumes d’époque sont extrêmement bien reconstitués,  avec une mention particulière aux chapeaux des hommes de la noblesse dont on se demande comment ils peuvent tenir sur une tête et aux atours pour le moins chargés de la reine.

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Quant à l’aspect horreur, il n’est pas en reste. Les zombies sont, si j’ose dire, plus vrais que nature. Nous ne sommes pas dans une série B de pacotille.  L’ampleur que prend progressivement la contagion est en outre gérée très habilement. La tension est constante, entre les nuits où les morts-vivants se réveillent et passent à l’attaque, et les jours où ils ne se montrent pas et durant lesquels la population doit se préparer à tenter de contrer ce qui se passera dès le coucher du soleil. 

Le ton est également extrêmement bien travaillé : des personnages bouffons, tel Moo-Young, apportent une dose d’humour et un ton décalé à cette série d’horreur, sans toutefois jamais la faire verser dans la parodie.

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Ju Ji-hoon, dans le rôle du prince héritier Lee Chang, et Bae Doona, dans celui de l’infirmière Seo-bi, ont un jeu tout en retenue qui apporte au film sa gravité, mais qui est contrebalancé par les pitreries involontaires de  Kim Sang-ho et la fougue de Kim Sung-kyu.

Enfin, le réalisateur Kim Seong-hun nous régale de plans travaillés, où les nobles en costume d’époque se meuvent avec la rigidité dus à leur caste, et de scènes d’affrontements entre les humains et les zombies parfaitement maîtrisées.

Alors ?

Kingdom fait progresser en parallèle deux intrigues intimement liées : d’un côté, les agissements machiavéliques de la jeune épouse du roi (père de Lee Chang), de la famille de celle-ci et de son entourage afin de s’emparer du trône et, d’un autre côté, les efforts du prince pour combattre les zombies et trouver la cause du mal.

La série a en outre un aspect social clairement revendiqué : le prince, courageux, est sensible aux difficultés de son peuple qui meurt de faim, alors que la reine et sa petite cour ne pensent qu’à s’enrichir et s’emparer du pouvoir et, cloitrées dans  leur cité protégés, ignorent, voire méprisent le reste de la population.

Un peu de manichéisme certes, mais pas d’idéalisation pour autant du héros courageux dont on découvre peu à peu les fragilités.

Encore une opportunité de découvrir et d’apprécier ce que la Corée du Sud a à nous offrir.